vendredi 9 janvier 2015

Charlie Hebdo - Réactions & Hypothèses

Tuerie Charlie Hebdo, d’autres analyses... {Fiertés européennes}


Une fois n'est pas coutume, nous parlerons d'une actualité différente de celle de l'Ukraine et du Monde russe, car les méthodes d'approche de la déstabilisation sont très proches de ce que l'on peut observer en Ukraine et dans les sphères proche de la Russie. Cependant, n'oublions pas que d'autres journalistes, russes, que d'autres civils, novorossiens, ont été tués à ce jour en nombres bien plus important que les 12 de Paris, tous les jours depuis le début de la guerre civile du Donbass!
Rien ne pardonne le meurtre, mais restons dans la mesure et rejetons la démesure... 




Dont une écrite à notre intention par Oscar Stepánov, de NUJNA, que nous remercions pour sa contribution. 

D’autres analyses... auxquelles nous ne souscrivons pas forcément "dans leur ensemble", mais qu’il nous semble à la fois fort intéressant, et même nécessaire de reproduire ici ; tant elles seront (forcément) "oubliées" par la grande, très grande, majorité des médias, qu’ils soient "mainstream"... ou non. 
F.E 

CHOC ET STUPEUR

You owe me awe
Par Oscar Stepánov, 9 janvier 2015. 

Concernant le massacre en masse d’une douzaine de personnes dans les locaux de Charlie Hebdo, on ne peut que se perdre en conjectures. Il m’a semblé bon, à ce sujet, de se rappeler une stratégie militaire mise en place par les Américains lorsqu’ils s’en prennent à une proie inapte à leur résister, comme ce fut le cas de l’armée de Saddam Hussein en Irak en 2003.


Citation de Wikipédia :
La doctrine "choc et effroi" (de l’anglais Shock and Awe, ce qui peut aussi être traduit par "choc et stupeur"), ou de "domination rapide", est une doctrine militaire basée sur l’écrasement de l’adversaire à travers l’emploi d’une très grande puissance de feu, la domination du champ de bataille et des manœuvres, et des démonstrations de force spectaculaires pour paralyser la perception du champ de bataille par l’adversaire et annihiler sa volonté de combattre.
Nous choquer et nous stupéfier, c’est bien de cela qu’il s’agit. De mille et une manières, le système nous choque et nous stupéfie, nous paralyse, nous déconcerte. Veut-il nous voir nous ruer soudain sur les musulmans ? Veut-il, au contraire, lancer une vague de répression inégalée contre les "islamophophes" ? Nous ne le saurons pas. Nous en sommes réduits à constater l’étrange niveau de professionnalisme des tueurs qui ont réussi cette mission et ont pu s’en sortir, l’étrange "perte" aussi de documents d’identité dans leur véhicule. Et nous pourrons faire le lien avec ce qui se passe en Syrie et en Irak, où une légion ("l’État Islamique") de valets de l’axe israélo-américain se bat, dûment appuyée par ses mandataires, qui sont officiellement supposés les combattre, en accord avec leurs partenaires obscurantistes : la Turquie d’Erdogan et l’Arabie Saoudite des "wahhabites".

Pour comble de confusion, il a encore fallu que John Kerry, partenaire d’Obama, se présente à la télévision et vienne pourfendre – décidément l’hôpital se fout de la charité – l’obscurantisme et la barbarie de cet acte évidemment terroriste.

Il est temps de le dire : au terrorisme intellectuel, ennemi de la liberté d’expression, s’ajoutent le terrorisme social et le terrorisme économique qui nous poussent nous, Européens, dans la "crise" la plus profonde tandis que triomphent les infects valets de l’Amérique. Par exemple les oligarques ukrainiens, grands spécialistes – dans une logique toute Orwellienne – des actes "antiterroristes" en Novorussie (ou "Est de l’Ukraine"). Comme cet Arseni Iatseniouk déclarant récemment, en Allemagne, qu’il ne faut pas oublier l’agression de l’URSS contre l’Allemagne et l’Ukraine et que « personne n’a le droit de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

Choc et stupeur. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Comme le disait le psychopathe jouant le rôle clé dans le film Manhunter : « C’est dans ta nature de faire quelque chose correctement : trembler. Mais ce que tu me dois, ce n’est pas de la peur. Non… toi et les autres, vous me devez de la stupeur ! » (« It is in your nature to do one thing correctly : Tremble. But fear is not what you owe me. No, Lounds... you and the others — you owe me awe! »).

L’Empire du Chaos, s’enfonçant définitivement dans ses sables mouvants, est en train de tirer ses dernières cartouches. À tort ou à raison, il nous estime mortellement blessés, mais n’aura de cesse de s’acharner. Sachons rester à l’écart de ses provocations, tandis que d’autres (Russie, Chine, Iran, etc.), qui n’ont pas le malheur d’être gouvernés par les Valets de ce système, s’occupent de lui tailler de belles croupières.

Cette tuerie ne sera pas « notre 11 septembre ». Car chaque jour sous la botte israélo – américaine est notre 11 septembre.

Mais aussi, parce qu’en réalité, nous n’aurons aucune larme de crocodile à verser sur l’équipe de Charlie Hebdo, racaille "satirique" sans intérêt.

Oscar Stepánov, de NUJNA.com, pour Fiertés Européennes
(NUJNA.com est actuellement hébergé par La Meute Arverne)


Qui profite d’avoir tué Charlie ?

Par Pepe Escobar, le 8 janvier 2015

Un commando djihadiste au style professionnel livre une attaque en plein cœur de Paris.
Cui bono?

Une préparation et une organisation minutieuses, des Kalachnikovs, un lance-roquettes, des cagoules, une veste à munitions couleur sable bourrée de chargeurs supplémentaires, des bottes de l’armée, une évasion facile à bord d’une Citroën noire…

Et le glaçage sur ce gâteau particulièrement mortel : un soutien logistique basé à Paris impeccable, pour tout mener à bien. Un ancien officier militaire de haut rang, Frédéric Gallois, a mis l’accent sur le fait de l’application parfaite des "techniques de guérilla urbaine" (où sont ces fameux "experts" occidentaux en contre-terrorisme quand vous en avez besoin ?).

Certains ont affirmé qu’ils parlaient un français parfait, tandis que d’autres ont soutenu que leur maîtrise de la langue était mauvaise et hésitante. Quoi qu’il en soit, ce qui importe est qu’ils aient prononcé le mot magique : « Nous sommes Al-Qaeda ». Encore mieux, ils ont dit à un homme dans la rue : « Dites aux médias qu’il s’agit d’Al-Qaeda au Yémen », ce qui signifie, dans la terminologie US de la terreur, Al-Qaeda dans la péninsule arabique (AQAP) qui avait mis l’éditeur/dessinateur de Charlie Hebdo (Charb) sur liste noire dûment promue par le magazine de luxe d’AQAP, "Inspire". L’accusation : « Insulte envers le Prophète Mohammed ».

Et, histoire d’être sûrs que tous avaient bien enregistré les coupables, les tueurs ont également ajouté : « Allahu Akbar », « Nous avons tué Charlie Hebdo », et « Nous avons vengé le Prophète ».

Affaire classée ? Eh bien, il n’a fallu que quelques heures à la police française pour identifier les suspects (classiques ?) : les frères algériens Saïd et Cherif Kouachi. Le troisième homme, le chauffeur de la Citroën noire, apparemment le jeune Hamid Mourad, 18 ans, s’est plus tard livré à la police avec un alibi en béton armé. Le troisième homme demeure donc un mystère.

Ils portaient tous des cagoules. Les frères Kouachi n’ont pas été capturés, mais la police semble très bien savoir qui ils sont. Parce qu’ils ont trouvé une carte d’identité abandonnée dans la Citroën noire (oh, les soucis d’être sur une commande pressée…). Comment se fait-il qu’ils n’aient rien su avant le carnage ?

À point nommé, la bio » de Cherif Kouachi a été diffusée dans tous les coins. Il était sur une liste de surveillance globale. Avec six autres, il avait été condamné en mai 2008 à 3 ans de prison pour "terrorisme" ; en fait, d’avoir livré une douzaine de jeunes Français via des madrasas en Égypte et en Syrie à nul autre qu’Abou Moussab al-Zarqaoui, l’ex-chef d’Al-Qaeda en Irak tué-par-un-missile-US et père spirituel de Daesh/ISIS/ISIL.

Aussi à point nommé, un récit complet était prêt à la consommation de masse. Selon les "experts" de la police française, cela pouvait être une attaque « ordonnée depuis l’étranger et exécutée par des djihadistes revenant de Syrie qui nous ont échappé », ou cela pourrait être « des idiots banlieusards qui se sont radicalisés et ont concocté cette attaque militaire au nom d’Al-Qaeda ».

Jetez l’option 2, s’il vous plaît ; c’était du travail de pro. Ne restant que l’option 1, ceci pointe tout droit vers – quoi d’autre – un retour de bâton. Oui, ils pourraient être des mercenaires de Daesh/ISIS/ISIL entraînés par l’OTAN (essentiel, la France aussi) en Turquie et/ou en Jordanie. Mais cela pourrait être un "faux drapeau" encore plus nauséabond. Ils pourraient aussi être des anciens ou des agents en activité des forces spéciales françaises.

Il fallait s’y attendre, les camelots de l’islamo-fascisme s’en prennent déjà à cœur joie. Pour les simplets/trolls/hordes qui exhibent un QI de niveau sub-zoologique, en cas de doute, diabolisez l’Islam. C’est tellement commode d’oublier que des millions sans nombre depuis les zones tribales du Pakistan aux marchés urbains à travers l’Irak, continuent de ressentir la douleur dévaster leurs cœurs et leurs vies puisqu’ils sont les victimes sacrifiables de l’état d’esprit djihadiste – ou "culture de la Kalachnikov", telle qu’elle est connue au Pakistan – qui a bénéficié à l’Occident directement ou indirectement, pendant des décennies. Songez aux attaques de drones rituelles de civils pakistanais, yéménites, syriens, irakiens ou libyens. Songez à Sadr City subissant un carnage dix fois plus grave que Paris.

Ce qu’a décrit le Président français François Hollande comme « un acte de barbarie exceptionnelle » – et il l’est – ne s’applique pas quand l’Occident, la France en première ligne, du Roi Sarko au Général Hollande lui-même, arme, entraîne et contrôle à distance un assortiment de coupeurs de têtes et de mercenaires de la Libye à la Syrie. Oh ouais, tuer des civils à Tripoli ou à Alep, là, il n’y a pas de problèmes, mais ne le faites pas à Paris.

Donc ceci est, au cœur de l’Europe, ce à quoi ressemble un retour de bâton. C’est ce que ressentent les gens au Waziristân quand une fête de mariage est incinérée par un missile Hellfire. Parallèlement, il est absolument impossible d’apporter du crédit à la notion que le réseau sophistiqué de contre-espionnage occidental n’ait pas vu venir ce retour de bâton – et été incapable de l’empêcher.

Bien entendu, le réseau ultra-élaboré de contre-terrorisme occidental – si efficace pour nous dénuder dans tous les aéroports – l’avait vu venir ; mais sur le terrain des guerres de l’ombre, "Al-Qaeda" et ses légions de déclinaisons, y compris les "renégats" de Daesh/ISIS/ISIL, sont utilisés autant comme une armée de mercenaires que comme une menace domestique commode « contre nos libertés ».

La pataugeoire intellectuelle US (Think Tankland), de façon également prévisible, s’occupe à raconter le scénario d’une scission "intra-musulmane" qui fournit aux djihadistes beaucoup d’espace géopolitique à exploiter – tout ceci aspirant le monde occidental dans une guerre civile musulmane. C’est totalement ridicule. L’Empire du Chaos, déjà dans les années 70, était occupé à cultiver la culture djihadiste/Kalachnikov pour combattre n’importe quoi, depuis l’URSS à des mouvements nationalistes à travers tout le Sud global. "Diviser Pour Mieux Régner" a toujours servi à ventiler les flammes "intra-musulmanes", depuis l’administration Clinton faisant copain-copain avec les Talibans jusqu’au régime Cheney – avec l’aide des vassaux du Golfe Persique – approfondissant le schisme Sunnite/Chiite.

Cui bono, donc, d’avoir tué Charlie ? Seulement à ceux dont l’agenda est de diaboliser l’Islam. Même une bande de fanatiques ayant subi un lavage de cerveau ne se livrerait pas au carnage de Charlie pour montrer aux gens qui les accusent d’être des barbares qu’ils sont, en réalité, des barbares. Le renseignement français a au moins conclu qu’il ne s’agissait pas là d’une affaire de bombe fourrée dans un slip. C’était un boulot de professionnel qui s’est déroulé tout juste quelques jours après que la France ait reconnu le droit à un état palestinien. Et juste quelques jours après que le Général Hollande ait demandé la levée des sanctions contre la "menace" russe.

Les Maîtres de l’Univers, qui jouent sur les vrais leviers de l’Empire du Chaos, flippent du chaos systémique dans le racket qu’ils avaient jusque-là l’illusion de contrôler. Ne vous y trompez pas, l’Empire du Chaos fera ce qu’il peut pour exploiter l’environnement post-Charlie – que ce soit un retour de bâton ou un false flag.

L’administration Obama mobilise déjà le Conseil de Sécurité de l’ONU. Le FBI "aide" l’enquête française. Et comme un analyste italien le dit mémorablement, les djihadistes ne s’attaquent pas à un fonds spéculatif vampirique ; ils s’attaquent à un torchon satirique. Ce n’est pas de la religion, mais de la géopolitique pure et dure. Ce qui me rappelle David Bowie : « Ceci n’est pas du rock’n’roll. C’est du suicide ».

L’administration Obama s’est déjà mobilisée pour offrir une "protection" – de type Mafia – à une Europe de l’Ouest qui commence juste, tout juste à manquer d’assurance face à la "menace" russe pré-fabriquée. Et comme il se trouve, juste quand l’Empire du Chaos en a le plus besoin, la maléfique "terreur" pointe encore le bout de son nez.

Eh oui, je suis Charlie. Pas seulement parce qu’ils nous ont fait rire ; mais parce qu’ils ont été des agneaux sacrificiels dans des jeux de l’ombre beaucoup, beaucoup plus méchants, horribles et perpétuels.

Pepe Escobar, pour Russia Today
Un article découvert via Les moutons enragés

Pepe Escobar est le correspondant itinérant du journal Asia Times/Hong Kong, un analyste pour RT et TomDispatch, ainsi qu’un contributeur fréquent de sites web et d’émissions de radio, des USA à l’Asie Orientale.

Les gens observent une minute de silence à Istanbul le 8 janvier 2015 pour les victimes d’une attaque par des hommes armés sur les bureaux du journal satirique français Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier, qui a fait au moins 12 morts et plusieurs blessés – Photo AFP/Bulent Kilic




UN 11 SEPTEMBRE FRANÇAIS ?

Qui a commandité l’attentat contre Charlie Hebdo ?
Par Thierry Meyssan, le 7 janvier 2015.

Alors que de nombreux Français réagissent à l’attentat commis contre Charlie Hebdo en dénonçant l’islamisme et en manifestant dans les rues, Thierry Meyssan souligne que l’interprétation djihadiste est impossible. Alors qu’il aurait tout intérêt à dénoncer lui aussi une opération d’Al-Qaïda ou de Daesh, il envisage une autre hypothèse, beaucoup plus dangereuse.

RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS (SYRIE) | 7 JANVIER 2015 

Dans ce reportage, France 24 a coupé la vidéo pour que l’on ne voie pas les assaillants exécuter un policier au sol.

Le 7 janvier 2015, un commando a fait irruption, à Paris, dans les locaux de Charlie Hebdo et a assassiné 12 personnes. 4 autres victimes sont toujours dans un état grave.
Sur les vidéos, on entend les assaillants crier « Allah Akbar ! », puis qu’ils ont « vengé Mahomet ». Un témoin, la dessinatrice Coco, a affirmé qu’ils se réclamaient d’Al-Qaïda. Il n’en a fallu pas plus pour que de nombreux Français dénoncent un attentat islamiste.


Or, cette hypothèse est illogique.

La mission de ce commando n’a pas de lien avec l’idéologie djihadiste

En effet, des membres ou des sympathisants des Frères musulmans, d’Al-Qaïda ou de Daesh ne se seraient pas contentés de tuer des dessinateurs athées, ils auraient d’abord détruit les archives du journal sous leurs yeux, sur le modèle de ce qu’ils ont fait dans la totalité de leurs actions au Maghreb et au Levant. Pour des djihadistes, le premier devoir, c’est de détruire les objets qui, selon eux, offensent Dieu, puis de punir les "ennemis de Dieu".

De même, ils ne se seraient pas immédiatement repliés, fuyant la police, sans avoir achevé leur mission. Ils auraient au contraire terminé leur mission, dussent-ils mourir sur place.

Par ailleurs, les vidéos et certains témoignages montrent que les assaillants sont des professionnels. Ils avaient l’habitude de manier leurs armes et n’ont tiré qu’à bon escient. Ils n’étaient pas vêtus à la mode des djihadistes, mais comme des commandos militaires.

La manière dont ils ont exécuté au sol un policier blessé, qui ne représentait aucun danger pour eux, atteste que leur mission n’était pas de "venger Mahomet" de l’humour gras de Charlie Hebdo.


Cette opération vise à créer le début d’une guerre civile

Le fait que les assaillants parlent bien le français, et qu’ils soient probablement Français, ne permet pas de conclure que cet attentat est un épisode franco-français. Au contraire, le fait qu’ils soient professionnels contraint à les distinguer de possibles commanditaires. Et rien ne prouve que ces derniers soient des Français.

C’est un réflexe normal, mais intellectuellement erroné, de considérer lorsque l’on vient d’être attaqué que l’on connaît ses agresseurs. C’est le plus logique lorsqu’il s’agit de criminalité normale, mais c’est faux lorsqu’il s’agit de politique internationale.

Les commanditaires de cet attentat savaient qu’il provoquerait une fracture entre les Français musulmans et les Français non-musulmans. Charlie Hebdo s’était spécialisé dans des provocations anti-musulmanes et la plupart des musulmans de France en ont été directement ou indirectement victimes. Si les musulmans de France condamnent sans aucun doute cet attentat, il leur sera difficile d’éprouver autant de peine pour les victimes que les lecteurs du journal. Cette situation sera perçue par certains comme une complicité avec les meurtriers.

C’est pourquoi, plutôt que de considérer cet attentat extrêmement meurtrier comme une vengeance islamiste contre le journal qui publia les caricatures de Mahomet et multiplia les "unes" anti-musulmanes, il serait plus logique d’envisager qu’il soit le premier épisode d’un processus visant à créer une situation de guerre civile.

La stratégie du "choc des civilisations" a été conçue à Tel-Aviv et à Washington

L’idéologie et la stratégie des Frères musulmans, d’Al-Qaïda et de Daesh ne préconisent pas de créer de guerre civile en "Occident", mais au contraire de la créer en "Orient" et de séparer hermétiquement les deux mondes. Jamais Saïd Qotb, ni aucun de ses successeurs, n’ont appelé à provoquer d’affrontements entre les musulmans et les non-musulmans chez ces derniers.

Au contraire, la stratégie du "choc des civilisations" a été formulée par Bernard Lewis pour le Conseil de sécurité nationale états-unien, puis vulgarisée par Samuel Huntington non plus comme une stratégie de conquête, mais comme une situation prévisible [1]. Elle visait à persuader les populations membres de l’OTAN d’un affrontement inévitable qui prit préventivement la forme de la "guerre au terrorisme".

Ce n’est pas au Caire, à Riyad ou à Kaboul que l’on prône le "choc des civilisations", mais à Washington et à Tel-Aviv.

Les commanditaires de l’attentat contre Charlie Hebdo n’ont pas cherché à satisfaire des djihadistes ou des talibans, mais des néo-conservateurs ou des faucons libéraux.

N’oublions pas les précédents historiques

Nous devons nous souvenir qu’au cours des dernières années, nous avons vu les services spéciaux états-uniens ou de l’OTAN 
– tester en France les effets dévastateurs de certaines drogues sur des populations civiles [2] ;
– soutenir l’OAS pour tenter d’assassiner le président Charles de Gaulle [3] ;
– procéder à des attentats sous faux drapeau, contre des civils, dans plusieurs États membres de l’OTAN [4].
Nous devons nous souvenir que, depuis le démembrement de la Yougoslavie, l’état-major états-unien a expérimenté et mis en pratique dans de très nombreux pays sa stratégie des "combats de chiens". Elle consiste à tuer des membres de la communauté majoritaire, puis des membres des minorités en renvoyant les responsabilités dos à dos jusqu’à ce que chacun soit convaincu d’être en danger de mort. C’est de cette manière que Washington a provoqué la guerre civile aussi bien en Yougoslavie que dernièrement en Ukraine [5].

Les Français seraient bien avisés de se souvenir également que ce ne sont pas eux qui ont pris l’initiative de la lutte contre les djihadistes revenant de Syrie et d’Irak. À ce jour d’ailleurs, aucun d’entre eux n’a commis le moindre attentat en France, le cas de Mehdi Nemmouche n’étant pas celui d’un terroriste solitaire, mais d’un agent chargé d’exécuter à Bruxelles deux agents du Mossad [6] [7].
C’est Washington qui a convoqué, le 6 février 2014, les ministres de l’Intérieur de l’Allemagne, des États-Unis, de la France (M. Valls s’est fait représenter), de l’Italie, de la Pologne et du Royaume-Uni pour faire du retour des djihadistes européens une question de Sécurité nationale [8].
Ce n’est qu’après cette réunion que la presse française a abordé ce sujet, puis que les autorités ont commencé à réagir.


John Kerry s’est exprimé pour la première fois en français pour adresser un message aux Français. Il dénonce une attaque contre la liberté d’expression (alors que son pays n’a cessé depuis 1995 de bombarder et de détruire les télévisions qui lui faisaient ombrage en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et en Libye) et célèbre la lutte contre l’obscurantisme.

Nous ignorons qui a commandité cette opération professionnelle contre Charlie Hebdo, mais nous ne devrions pas nous emballer. Nous devrions considérer toutes les hypothèses et admettre, qu’à ce stade, son but le plus probable est de nous diviser ; et ses commanditaires les plus probables sont à Washington.


Sur le même sujet, lire : « Selon McClatchy, Mohammed Mehra et les frères Kouachi seraient liés aux services secrets français », Réseau Voltaire, 9 janvier 2015.

[1] « La "Guerre des civilisations" », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 juin 2004.
[2] « Quand la CIA menait des expériences sur des cobayes français », par Hank P. Albarelli Jr., Réseau Voltaire, 16 mars 2010.
[3] « Quand le stay-behind voulait remplacer de Gaulle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 10 septembre 2001.
[4] « Les Armées Secrètes de l’OTAN », par Daniele Ganser, éd. Demi-Lune. Disponible par chapitre sur le site du Réseau Voltaire.
[5] « Le représentant adjoint de l’ONU en Afghanistan est relevé de ses fonctions », « Kann Washington zu gleicher Zeit drei Regierungen stürzen ? », von Thierry Meyssan, Übersetzung Horst Frohlich, Al-Watan (Syrien), Voltaire Netzwerk, 23. Februar 2014.
[6] « L’affaire Nemmouche et les services secrets atlantistes », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 9 juin 2014.
[7] On objectera les affaires Khaled Kelkal (1995) et Mohammed Mehra (2012). Deux cas de "loups solitaires" liés à des djihadistes ; mais ni à la Syrie ni à l’Irak. Malheureusement, tous deux furent exécutés en opération par les Forces de l’ordre de sorte qu’il est impossible de vérifier les théories officielles.
[8] « La Syrie devient "question de sécurité intérieure" aux USA et dans l’UE », Réseau Voltaire, 8 février 2014.



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